Semaine de la langue française et de la francophonie

Textes de participants exposés

Semaine de la langue française et de la francophonie et Printemps des poètes du 8 au 14 mars 2004

En collaboration ADAC, Bercy Village (Paris) et l’atelier de création littéraire

Textes de participants exposés dans les galeries de Bercy-Village, écrits avec la proposition suivante :

Les 10 mots de semaine de la langue française, venus d’Haïti, du Vietnam, du Brésil, du Québec, de France et d’autres pays encore, sont dans un chapeau. Je le tire au hasard ; vous les notez sur une feuille : « ombellifère, tataouine, brousse, amertume, farfadet, bouline, espérance, déambuler, tactile, lumière »

Et à partir de ces dix mots que vous avez devant vous, sans en chercher le sens réel dans un dictionnaire mais en faisant jouer leur sonorité, leur vocalise, leur imaginaire, leur son, leur lecture, leur écoute, leur sens étymologique connu ou inventé peut-être, tout ce qu’ils vous évoquent,
en vous appuyant sur le scintillement très profond de ces mots en vous, tel qu’il est, ce scintillement dont parle Julien Gracq, qui vous est propre, unique, même et surtout si ces mots ne sont pas « à vous », écrivez un texte, utilisant ces 10 mots, tous, et en rajoutant le moins possible de vos mots à vous.
Ce sont de toutes façons des formes brèves. Vous pouvez en écrire plusieurs.

« Quelle amertume cette brousse ! » tataouinait le farfadet, déambulant sous la bouline de l’ombellifère tactile, espérant sa lumière.

Tactile, notre ombellifère farfadet déambulait sur une bouline de lumière, l’espérance de la brousse lui tataouinant l’amertume.
Pierre Moine

« Bouline, qu’on m’appelait. Faut dire que côté appétit… »
Les yeux de la vieille n’étaient que lumière : l’évocation de la brousse, des vies de sa jeunesse, chassait l’amertume qui d’ordinaire les ternissait. Conter son histoire ressuscitait ses espérances. La vieille déambulait dans sa mémoire que ses mots vifs rendaient tactile.
« Ah ! La Bouline, un farfadet infatigable, qui vous tataouinait un homme .. »
Nous , les enfants taillions avec elle notre piste entre les pièges, les trouées d’eau et les ombellifères, jusqu’à la ferme qui n’est plus.

Mon farfadet, mon espérance
Ma lumière vive d’ombres tactiles
Ma tendre écorce ombellifère
Qui me protège d’amertumes
Nées de ces brousses tataouines,
Je déambule dans mes heures
Souvent amères, parfois boulines
Sans t’oublier

L’enfant frissonne dans sa nuit.
Bouline anxieuse sous ses draps, elle fuit les fauves tapis des brousses, plie l’amertume aux caches d’or de l’espérance, se tisse un toit d’ombellifères tataouinant sous mille orages. Un farfadet ceint de lumière s’invite et danse, bonheur tactile.
L’enfant en rêves déambule.

S’il revenait des autres terres où l’ont poussé ses amertumes. S’il quittait la brousse ombellifère qui l’accueillit, farfadet exsangue d’espérance. S’il renonçait à ces lumières boulines hantées de sortilèges tactiles. S’il était las de tant déambuler, moi son amante, j’irais pour lui tataouiner mes larmes.
Sarah Tarille

A bord du bateau l’Espérance, les boulines bien tendues, je regrettais avec amertume l’absence de mon farfadet tactile. Au lieu de tataouiner dans les ombellifères, il aurait mieux fait de prendre la mer pour aller déambuler en pleine lumière dans l’immensité de la brousse !
Josiane Clément

Bouline Espérance s’était acoquiné avec un farfadet qui habitait dans la brousse.
Ils racontaient qu’ils y déambulaient pour observer les tactiles.
En fait, ils passaient tous deux des jours sans lumière, toujours sous la même ombellifère, à tataouiner l’amertume.

***

Un farfadet était occupé à tataouiner sérieusement sous une ombellifère. Son esprit déambulait entre espérance et amertume, quand une énorme bouline se profila dans la lumière du ciel, risquant de l’assommer à chacun de ses balancements.
– Être tactile ou pas ? , demanda-t-il à la chose, qui resta muette.
– La brousse ou la vie ? , menaça-t-il.
Sourde à ses imprécations, la grosse bouline l’enlaça et le hissa dans les airs.
Catherine Grajewski

Déambuler en brousse entre amertume et espérance, la lumière tactile des farfadets les faisaient tataouiner comme des ombellifères, boulinant.

***
La lumière écrase la brousse. Point de farfadet encore moins de forme ombellifère ; ou est l’espérance tactile? L’amertume domine. Peut-être tataouiner, mais certainement pas bouliner, ni déambuler !

***
L’impression tactile éclate de cette vision de lumière. Bouliner, tataouiner, aucune espérance dans la brousse.
Je me souviens avec amertume de cette mare, de la nature tactile de tout ombellifère, mais là, pas de farfadet, ni d’envie de déambuler.

***
Tataouiner, est ce se rendre à Tatawouine ? Là, point de brousse, mais le désert. L’espérance en somnolence, pas de bouline, disparue l’envie de déambuler sous la lumière. Pas d’eau ni de farfadet, inconnues les ombellifères. Sous la caresse tactile, tout n’est qu’amertume.

***
Déambuler le long du Cher sous une douce lumière. La campagne, quelques ombellifères, on rêve de farfadets. Une atmosphère tactile, l’amertume s’estompe, la brousse s’éloigne. Impossible de tataouiner, que dire de bouliner… l’espérance !
Jacques Arienti

Lumière de pleine lune sur les champs d’ombellifères
aux tiges gorgées d’espérance.
Remugle des fauves déambulant dans la brousse, qui
fait place, de temps à autre, à d’ étranges parfums de
bouline. Douce amertume qui tataouine plus qu’elle
n’entête.
Emotion tactile courant parmi les ombelles, minuscules
parasols, paralunes de farfadets malicieux.

***
La lumière, filtrée par les ombellifères géantes au
coeur de la brousse, surprend de ses traits presque
tactiles tout un peuple de farfadets, qui déambulent
au bras de leurs mignonnes boulines, ignorant
l’amertume et fêtant l’espérance.

***

Ma bouline, encore cette amertume,
Je veux que la lumière plonge ses doigts
dans la brousse de tes cheveux,
Je veux que des milliers de farfadets
déambulent sur ta peau,
t’insufflant leurs doux messages tactiles,
Je veux te voir tataouiner comme un papillon
dans les ombellifères,
Ma bouline, je veux te rendre à l’espérance.
Catherine Dubois

Tataouinant la brousse, la lumière ombellifère de l’amertume
puis de l’espérance, tactile bouline, déambulait tel un farfadet.

L’espérance tataouinant la lumière, l’amertume déambulait,
tactile bouline, dans la brousse ombellifère d’un farfadet.

Tataouiner l’espérance. Déambuler, tactile bouline. Farfadet
ombellifère, dans la lumière de la brousse de l’amertume.
Claudine Serpolier

« Dans mes errances désespérées, je pense à mes nuits déambulatoires avec quelque amertume de ne plus avoir cette sensation tactile, allongé parmi les ombellifères. Il commençait à brouillasser et, dans la lumière naissante, je les voyais comme des farfadets tataouinant à droite, à gauche, boulines au gré du vent. »

Il était une fois un farfadet malicieux qui aimait tant déambuler la nuit dans les broussailles pour faire peur aux âmes simples, qu’il se mit avec quelque espérance à vouloir apparaître en pleine lumière. Mais c’est avec amertume qu’il s’aperçut de l’impossibilité de se montrer au grand jour. Quel tintouin de tataouiner de la sorte alors qu’il serait si bon de gambader sous les ombellifères, ondulant comme des boulines. Dépité ! avec tact il disparut.

Ô Amertume de déambuler dans cette broussaille
Et de ne point trouver cette sinistre canaille
Ce tataouineur promis à toutes les espérances
Mais qui partit au beau milieu
Tel un farfadet gambadant sous les ombellifères
Et surpris par le retour de la lumière
Alors qu’il fuyait, agrippé à sa bouline
Pouah ! de quel manque il fit mine !
Roger Degroote

Les ombellifères tactiles en main, il tire ses oreilles boulines, faisant déambuler son farfadet intime entre la brousse de l’amertume et la lumière tataouinante de l’espérance.
Antoine Stroh

La brousse tactile déambule dans l’amertume de l’espérance. Nulle lumière. Le farfadet tataouine la bouline ombellifère.Le farfadet ombellifère déambule dans la brousse. L’amertume tactile de la lumière tataouine alors la bouline de l’espérance.
Charlotte Laborde

Un goût d’amertume dans la bouche, elle se leva jusqu’à l’évier pour vomir. La lumière transperçait les volets et, tactile, courait sur son visage dévasté, sans espérance. Elle resta là au-dessus de l’évier, leva lentement la tête pour se retrouver dans le miroir. Dans son visage défait, elle vit Bouline, la petite fille qu’elle avait été, déambuler dans la brousse africaine. Martin la précédait et en vrai farfadet, avec un large sourire, l’éventait d’une large branche d’ombellifère et lui demandait de se tataouiner pour éviter les longues lianes pièges des chasseurs d’éléphants. Elle regarda les traces de dentifrice dans l’évier et vomit.

***

Bouline, la blonde, aimait déambuler dans la lumière pâle du matin. Dans la brousse de ses cheveux flottait un parfum d’amertume, proche de celui des ombellifères. Très tactile, elle aimait sentir sous les doigts le petit morceau de duvet dans sa poche et le tataouinait comme un talisman d’espérance, et des bouffées d’enfance, du temps où elle savait ce qu’était qu’être farfadet, l’envahissaient.

***

Se tataouiner longuement pour mieux respirer.
Fuir à tout prix l’amertume.
Prendre deux grandes bouffées d’espérance et ajouter quelques pincées de bouline à son bonheur pour déambuler avec une âme de farfadet dans la brousse d’ombellifères aux poils doucereusement tactiles jusqu’à satiété de lumière.
Hélène Delaye

« Espèce de grand farfadet, arrêtes un peu de tataouiner ! Tu te crois dans la brousse ? Ca fait un moment que tu me boulines les ombellifères avec ton amertume et ton espérance à deux sous ! Et n’espère pas m’impressionner en déambulant avec cette tactile !
Franchement, t’es pas une lumière ! »

La senteur tiède et épicée de la brousse effleura la bouline joufflue de Sambou, grand farfadet à la peau ébène. Il tataouinait sans relâche depuis plusieurs rondes de saisons et l’amertume avait subtilement évincé l’espérance d’un retour proche en terre ancestrale. La lumière matinale, qui déambulait majestueusement, s’offrit à lui dans un jaillissement de corolles ombellifères.
Arlette Vergneaux

Je déambulais dans la brousse sans lumière, tel un farfadet plein d’amertume, l’ombellifère complètement tataouiné. Quand je te vois, ma bouline, renaît en moi l’espérance du tactile.

En pleine lumière, de mes farfadets tactiles, je tataouine tes ombellifères. Mon amertume rentre à sa brousse car l’espérance me bouline. Dans la brousse tactile où nous déambulons, faite d’amertume et d’espérance, tes boulines ombellifères – mes lumières – tataouinent mon farfadet.

Avec l’amertume d’un jeune bouline, je tataouine ta brousse, dans l’espérance tactile de déambuler dans la lumière de ton ombellifère. Mon farfadet bouline déambule dans ton ombellifère : ton espérance – cette lumière tactile dans la brousse – tataouine mon amertume. Alors que je te bouline sans plus d’amertume, tu tataouines comme un
farfadet dans la brousse :

Tu es ombellifère, tactile
Ton espérance est lumière
Mais trop tôt je déambule…

Pleine d’amertume, tu déambules dans la brousse, à la lumière des farfadets, pour chercher ton ombellifère tactile ; ultime espérance pour tataouiner ta bouline.
Jean-Philippe Loss

Chère Bouline,

Je vous écris de l’Afrique. J’habite à 150 kilomètres de Bamako. Mon oncle m’a donné votre adresse à Paris. Il m’a dit que vous étiez jeune professeur et qu’il vous avait déambulée très gentiment. Aussi, j’espère que mon amertume à ne pas vous déplaire vous donnera l’envie de correspondre avec moi.

Je suis encore jeune. Je n’ai que vingt ans.

Je voulais vous raconter une histoire. Ne faites pas attention à mon écriture ombellifère : c’est l’émotion de vous dire qui me rend un peu farfadet. Il y a peu de temps, j’ai rencontré une photographe en pleine lumière. Elle était blonde, comme jamais je n’avais vu de blonde. Parce qu’ici, c’est plutôt rare, une blonde. Nous sommes tous plus ou moins noirs, n’est-ce pas.

Elle m’a dit qu’elle venait de Paris, qu’elle voulait découvrir la brousse. Moi, je veux bien lui montrer ma brousse. Je ne sais pas pourquoi, elle a cru que je voulais la tatouiner quelque part. Elle est partie sans même me poser un regard. Elle n’a pas compris que je voulais simplement la promener, pour qu’elle puisse prendre des photos partout avec son bel appareil. Son attitude m’a fait de la peine.
Est-ce que, chère Bouline, les femmes européennes sont toutes aussi lâches ?

Rendez-moi le plaisir de m’écrire, afin d’éclairer mes lanternes. J’en serai tactilement très touché.

Je vous salue bien bas.
Votre dévoué,
Espérance.

Il est un royaume ombellifère, dans lequel le chat de Faust n’aime guère déambuler. C’est le royaume de la brousse. Y traquer Marguerite relève de l’art. Il lui faut esquiver les jeunes pousses qui abîment ses yeux d’ombre, prévoir les épines qui râpent son dos noir. Il lui faut surtout attendre que la Belle sorte de sa réserve pour aller chanter sous les tonnelles de Bouline, celui pour lequel elle abandonnerait son cœur, sans aucune amertume.

Mais ce farfadet de Bouline n’en a cure. Il pavoise, cruel troubadour d’une farce qui l’enivre. Il ne sait ce qu’est l’amour.

Lorsque la Belle a assez chanté, les sens tactiles du chat s’affûtent comme l’âme d’une épée. Il sent que c’est son heure, que le malheur d’être mal-aimée conduira Marguerite jusqu’à lui. Il ne lui restera plus qu’à l’amener à son maître tatouinant d’impatience. Il lui restera surtout à espérer une dernière chose : que la belle Marguerite n’ouvre pas les yeux sur son malheur… C’est sa vingt-deuxième tentative.
Laurence Vasseur

– Mais cesse donc de tataouiner !, lança Charlotte. Ton amertume
ombellifère me fout la bouline. Va donc déambuler avec les farfadets dans la lumière !

– Je ne peux, répondit Raphaël. J’ai la brousse, le monde me
tactile, j’ai perdu toute espérance. Quand tu verras déambuler mon amertume tactile, dis-lui mon espérance de voir le farfadet tactile débrousser la lumière bouline et tataouiner les ombellifères.
Christine Courcol

Le farfadet déambulait dans la brousse, à l’ombre des ombellifères, comme un marin sans bouline, en se fiant à son sens tactile, mais en gardant l’espoir d’une petite lumière dans le ciel. Assez tataouiné, dit-il : l’espérance vit malgré ses amertumes.

Par les élèves de troisième année de français langue étrangère du foyer de Grenelle, 17 rue de l’Avre, Paris 15e : Binta (mauritanienne), Daniel (polonais), Faouzi (algérien), Hamad (pakistanais), Kanagasabai (sri-lankais), Lilian (moldave), Massoud (iranien), Norber (colombien), Rahim (iranien), Riujy (japonais), Susana (espagnole). Moniteur : Benoît.

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