Ou quoi d’autre
d’Isabelle Minette
Je suis une femme dans un corps de chair. Je m’y suis habituée puisque j’approche des 40 ans. Cependant mon esprit s’y affronte en combat régulier.
D’une certaine attente je ne peux me défaire.
J’ai un goût pour moi-même mais je dis » mais » trop souvent, ce que j’attends me serre le ventre. De cette intensité je provoque la tiédeur. D’une température suffisante j’extrais ma fuite, tandis que mes mains glacées ne veulent pas suivre.
Alors je badine, m’éparpille, fais mine de me confondre et nourris le puits de ma détresse avec amour.
Je deviens mère quand il le faut, ou quand on me le demande, amie, amante, je remplis.
Appréciée, reconnue, je récolte et je meurs aussi.
Ca fait longtemps que je n’accepte pas.
Ai-je pris l’habitude de nier ce qui m’importe ?
Je ne me pose pas la question. Je vis au refouloir du risque.
Surtout je ne tente pas le diable parce que je sais qu’il est là. Je m’écrase. Ca me tue.
On meurt tous de quelque chose au fond.
C’est juste que je me crois déçue.
Alors je m’intéresse à la nature des choses. Sans prétention.
Je m’amuse, expérimente.
Quand mes manques ne seront plus mes ennemis je produirai, le passage est mince. Je sais qu’il existe.
Existera-t-il pour moi ?
Attention. Ne vous y trompez pas, c’est essentiellement quand je constate qu’il n’y a pas de sens, que je vibre et respire.
Je voudrais faire de l’irrationnel mon oxygène, enlever les brides et embraser le vide.
Alors la rencontre sera possible.
Je ne suis pas écrivain. Je veux aller au fond de moi. Je ne veux pas avoir le choix même si je risque d’y rester.