Nuit blanche

de Katell Jadé

Un petit carnet au fond du sac. Un petit carnet acheté au rayon papeterie du magasin « M ». Le même depuis quelques années. Un papier crème, pas de lignage mais des petits points qui structurent juste ce qu’il faut. Un petit carnet toujours à portée de main, prêt à recevoir n’importe quoi, n’importe où, n’importe quand …

Des conversations entendues dans le métro, faits divers lus dans le journal, phrases qui sonnent à la porte, un début d’histoire peut-être. Entre les pages, une liste de courses, des choses à faire, un nom en face d’un numéro de téléphone. Des notes qui resteront pour la plupart vaines.

Une annotation s’échappe, prend sens et se prolonge au-delà du petit carnet. Une phrase, une idée se fait tenace, ne vous lâche plus.

Une grande pièce à vivre. Organisée pour que chacun puisse vaquer à ses occupations sans se gêner. Pas nécessaire d’être isolée, pas besoin de surveiller la porte d’entrée pour s’y coller.

Un ordinateur portable se déplace selon l’humeur et l’envie.

Une nuit entière. Une nuit blanche pour noircir la page blanche de l’écran. Le cendrier s’emplit de mégots, les tasses à café s’empilent, les miettes fleurissent sur la table. C’est bon signe. Un autre espace-temps. L’environnement extérieur s’efface au bénéfice d’un rectangle de douze pouces. Sans s’en rendre compte, le cap est passé. Il fait nuit noire. Il n’est plus temps de dormir. Un état mental ne permettant plus le doute. Un Petit Robert, un Bescherelle, un dictionnaire des synonymes. Un corps s’ankylose, qu’on ignore. Plus rien ne peut distraire, faire dévier.

Le jour se lève.
Déjà…

Le rythme est ordre cadencé dans la survenance des choses F. Neveu

Bulletin de l’Atelier

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