En-tête

à toi ma gratitude

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Gérard Blanchard

Quelques jours après ta mort, en 1998, j'ai rêvé que tu revenais pour que nous allions ensemble au marché. Tu devais m'apprendre à choisir des légumes...

A l'entrée, nous avions chacun notre cabas, tu m'as montré du doigt les différents étales, les différentes allées.

Le tout était en plein air, immense, riche, serti d'une grande enceinte un peu comme dans des pays du Maghreb.

- On se retrouve à la sortie, m'as-tu dit.

A la sortie, mon cabas était plein. A l'extérieur de l'enceinte, tu n'étais pas là. J'ai compris que tu étais parti. Pour de bon cette fois.

Depuis, tu me manques, mais je n'en finis pas de la joie de faire mon marché à tous les étales et toutes les allées que tu m'as fait découvrir pour la vie. J'étais dans les mots, les phrases, tu m'as ouvert les portes de la lettre, et de son esprit. Je n'en finis pas de m'abreuver au souvenir de ton accueil auparavant jamais imaginé, au sein d'une communauté de grands êtres, de grandes personnes. Comme pour me l'expliquer, tu m'as glissé un jour à l'oreille : "Tu crois qu'il y en a beaucoup ici qui ont lu Consolation de la philosophie de Boèce ?"

Merci Gérard. Ce fut mon premier accueil dans la vraie vie. Une autre fois, tu m'as dit : "Abats tes cartes !"

On peut le faire sans cesse ensuite, et j'essaie de le transmettre.Tu étais mon père spirituel. Que ma joie demeure.

 (l'imparfait est ce qui dure encore dans le présent)

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Françoise Neveu 
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